• Son poncho voletait dans l’air brulant de la rue. Il se tenait face à l’entrée du saloon. Une ombre passa sur son visage et ses yeux se levèrent. Un vautour faisait sa ronde. Il prit son cigare entre son pouce et son index puis lâcha un nuage de fumée. Ses lèvres se refermèrent autour de son cigare et ses yeux plissés fixaient la porte du saloon. Ses éperons sonnèrent tels un glas lorsque ses bottes frappèrent les marches en bois brûlées par le soleil. Les battants de la porte roulèrent et il s’arrêta, fixant l’assemblée, une entraînante musique berçant la scène. Une partie de poker se déroulait à sa gauche tandis qu’un notable tenait réunion avec deux hommes bien mis. Il marcha vers le bar, calmement, presque insensible au monde qui l’entourait. Il commanda un scotch au barman qui l’observa d’un œil plein d’appréhension. Le breuvage passa du verre à son gosier le temps de le dire. Sa tête se tourna vers la droite, fixant le notable qui riait à gorge déployée. La chaîne d’or de sa montre refléta un rayon de soleil. Lui mâchouilla le bout de son cigare et se dirigea vers l’homme d’affaire. Arrivé à table, il n’eut un regard pour les deux acolytes, se contentant de poser son regard émeraude sur le leader. Celui-ci perdit le sourire et ils eurent un court échange. L’autre blêmit et ses yeux étincelèrent de peur. Les deux acolytes se relevèrent brusquement tandis que les clients du saloon se tournaient vers eux, surpris par ce soudain et bruyant mouvement. Le piano s’arrêta. Lui plia les genoux tout en dégainant et tira sur celui à sa droite. Une gerbe de sang éclaboussa les environs et un trou se forma sur la poitrine tandis qu’un nuage de fumée s’éleva du canon. Les joueurs renversèrent la table, faisant voler les cartes, et s’abritèrent derrière tandis que le barman plongea sous le comptoir. Lui tomba sur le dos en pointant son arme sur le deuxième garde. Un éclair rouge puis un autre éclaircit la salle, une fleur perça sur la cuisse et un pleur de sang inonda la chemise. L’homme s’affala. Lui se redressa, dirigeant son canon fumant sur le notable. Un instant, le temps s’arrêta et les souffles se retinrent, pour reprendre brusquement lorsque qu’une gerbe rouge défonça les côtes du notable pour lui éclater le cœur. Il rengaina et se dirigea vers la sortie, indifférent aux regards abasourdis qui le fixaient. Il évita une flaque de bière et avala un scotch qui trainait sur une table encore debout. Il s’arrêta, gratta une allumette sur le montant de la porte pour raviver son cigare. Après une bouffée, il reprit son chemin et disparut du saloon, ne laissant seulement dans son sillage qu’une brume de fumée mêlant le tabac à la poudre ainsi que trois cadavres nageant dans leur sang. Un hennissement retenti au dehors, rapidement suivi par le chant d’une galopade vers le désert.


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  • Ses superbes chaussures cirées claquant contre les pavés de la vieille ruelle, il avançait, ombre parmi les ombres, son costume noir se fondant dans l'obscurité. Il s'arrêta à une intersection et sorti quelque chose de sa poche intérieure. Il jeta un coup d'œil à la photo faiblement éclairée par un rayon lunaire et la rangea. Pile ou Face ? Pile couteau, face silencieux. La pièce reflète un rayon un court instant. Ca sera silencieux. Il ouvre sa veste et sort son arme de son holster. Il visse le silencieux et attend, ça sera pas long, quelques minutes au plus. En attendant, il se reprend une gorgée de cognac. Putain, les français savent pas faire grand chose, mais en alcool, il s'y connaissent... Il chantonne tranquillement pendant quelques instants puis entend des échos de rires. Il jure doucement. Si la cible à ramenée de la compagnie, ça va pas plaire aux patrons. Il se renfonce dans l'ombre du mur. Un homme d'une cinquantaine d'année passe devant lui, accompagné de deux charmantes créatures. Quelque chose le dérange à leur vue, son instinct de tueur lui souffle de se tirer d'ici vite fait, qu'il est en présence de prédateurs. Bordel, c'est que deux femmes, y'a pas de danger, la zone est tranquille, il a fait du repérage. Mais fait chier, trois cadavres, ça va faire désordre. Bon, faut faire avec les aléas de la vie.
    Il sort de l'ombre et se place au milieu de la ruelle. Les autres ne se retournent pas. Il pointe son arme et tire. La tête de la cible explose comme un melon trop mur, éclaboussant ses deux compagnes. Le cœur du tueur s'emballe soudain, les femmes n'ont même pas tressailli. Il fronce les sourcils tandis qu'elles se retournent. Ses yeux s'agrandissent sous l'effet de la surprise, elles lèchent le sang qui les a éclaboussé. Il voit soudain leurs canines, et une peur primaire l'anime alors. Elles se ruent sur lui et il vide son chargeur. Une femme est touchée à l'épaule mais ne s'arrête pas, l'autre tombe au sol, un pruneau dans le front. Il lâche son arme et dégaine son poignard. Il se jette sur elle mais elle se joue de lui avec une vitesse et une force surhumaine. Il se prend un coup de poing qui lui casse une côte et un autre qui lui fait sauter une dent. Il s'affaisse contre le mur, à moitié assommé. Son parfum l'enivre, elle se penche vers lui. Ses lèvres effleurent ses lèvres, glissent sur sa joue et descendent vers son cou. Dans un dernier sursaut, il lui plante son poignard dans le flanc. Elle n'a aucune réaction, et mord avec gourmandise dans sa chair, et lui ne peux que s'y abandonner avec extase.

     


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  • Clic, clac, clic, clac...
    Il lève son verre et boit une gorgée. Les glaçons tintent légèrement quand il le repose.
    Clic, clac, clic, clac...
    Son portable vibre, le faisant légèrement sursauter. Il le coupe, ça n'est pas un appel, juste le réveil. Il passe son arme à la ceinture et referme sa veste dessus. Il faudrait connaître sa présence pour deviner ce qui se cache là. Il récupère son Ipod sur la commode et met ses écouteurs, passe la porte d'entrée et la ferme à clef. Le bus arrive, il monte dedans et s'assied. Quelques minutes passent, une dizaine peut-être, ou une vingtaine. Il appui sur le bouton rouge et descend. Ses yeux cherchent un bar où attendre un peu. Il se pose à la terrasse et passe sa commande. Ses mains tremblent un peu moins à présent. Il tâtonne sa veste et sort une cigarette de sa poche intérieure. Il doit s'y prendre à deux ou trois fois pour l'allumer. Il inspire un grand coup, savoure la première bouffée. Il observe attentivement le bâtiment qu’il connait si bien, de l’autre côté de la rue. Une voix le rappelle. Ses yeux s'accrochent au visage d'une jeune femme. Il retire ses écouteurs.
    _ Excusez moi, votre cigarette, vous pourriez... ?
    Une voix charmante.
    _ Ne vous excusez pas.
    Il lui sourit et écrase la cigarette dans le cendrier. D'un air désolé, il rajoute qu'il venait d'arrêter. Elle engage la conversation. Il admire son visage qui n'est pourtant pas d'une beauté extraordinaire. Il remarque ses yeux tantôt gris, tantôt bleus, suivant l'éclairage. Il apprécie la pâleur de ses lèvres, la douceur de ses traits. Son regard note la beauté de ses mains aussi, fines et élégantes. L'espace de treize minutes, il est ancré à nouveau dans le monde réel. Il savoure les effluves de parfum qui se dégagent d'elle. Il a envi de la prendre par la taille et de l'embrasser dans le cou. Elle se retourne soudain, son nom a été crié. Elle sourit, avec éclat. Elle s'excuse et se précipite vers un jeune homme. Il soupir, finit son verre et recherche une cigarette dans sa poche. Il remet ses écouteurs, laisse un pourboire généreux et traverse la rue. Il ne fait pas attention aux klaxons, et va s’adosser à une paroi. Il inspire avec plaisir la dernière bouffée. La porte sur sa droite s'ouvre. Un homme en imper sort, accompagné d'un gorille. Il l'appelle par son nom et l'autre se retourne. Surprise. Effroi. Il ramène sa serviette contre lui. Le gros balèze n'a pas le temps de comprendre. Il sort son arme de sous sa veste, ajuste et tire. Encore une fois. Et encore une, son doigt presse la détente, tandis qu'Elisa Fiorillo interprète
    Don't Be Afraid à ses oreilles. La première balle éjecte la serviette des mains. Des cris, la panique les entoure et le garde sort son arme. La deuxième balle rencontre le gorille qui tente de sauver son employeur en se plaçant sur la trajectoire des balles. La troisième balle explose la mâchoire de l'homme d'affaire tandis que son gorille tombe au sol, tout en vidant son chargeur. Un choc sourd cogne contre la poitrine de l'assassin mélomane, et il sent une de ses côtes exploser sous l'impact. Sa tête s'abaisse vers la fleur écarlate qui grandit sur sa chemise. Il lâche son arme et recule en chancelant. Sa tête se relève et il regarde le ciel bleu, le soleil éclatant, les branches nues des arbres. Son dos touche le mur sur lequel il était quelques instants auparavant. Ses jambes lâchent. Il n'entend pas les sirènes qui se rapprochent en hurlant. Il n'entend qu'Elisa qui le berce. Sa tête retombe et il aperçoit le visage abasourdi de la jeune femme.
    Elle le regarde avec incompréhension, il lui sourit...


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  • Fou

    Il titubait dans leur direction, l'air hagard, les yeux paniqués, les lèvres tordues dans un rictus empreint de folie. Les cheveux en désordre, la poussière maculant ses vêtements et le visage couvert d'une barbe d'une semaine rajoutaient à son apparence de dément. Il trébucha et un bras le rattrapa. Son regard se porta vers son bienfaiteur et il s'en rapprocha encore, jusqu'à lui donner un semblant d'accolade. Sa bouche se rapprocha de l'oreille du brave homme et, dans un râle :
    _ Pourquoi ?
    Puis un ricanement hystérique s'éleva. L'homme s'écroula aux pieds du fou, un manche en os dépassant du buffet, d'où s'écoulait un flot de sang sombre. Le ricanement du fou se mua en cris, puis en hurlements. La compagne de la victime était terrorisée. Une vague de sentiments divers et variés transparaissaient dans ces déchirements sonores. Il récupéra son couteau et s'enfuit, mi-riant, mi pleurant, courant comme si les chiens des Enfers étaient à ses trousses. Il heurta violemment un agent de police qui se précipitait vers les lieux du drame. Le fou se reprit le plus vite et planta son couteau sous le menton du malheureux qui périt sur l'instant. Il reprit sa fuite.
    _Police, arrêtez vous !
    Un homme en uniforme se trouvait à nouveau sur la trajectoire du joueur de couteau qui ne ralentit pas pour autant.
    _Mort mort mort !!!
    Les larmes coulaient encore sur un rictus qui s'agrandissait. Son rire dément s'en échappait sans interruption.
    _Stop, stop !

    L'homme courait, courait sans s'interrompre. Ses lambeaux de conscience restante s'effilochaient de millième de seconde en millième de seconde. Il savait juste qu'un policier braquait son bon vieux révolver sur lui. Un de ses côtes craqua soudainement et un gerbe de sang jailli de son dos. Une deuxième côte craqua et ses entrailles furent déchirées par un feu dévastateur, une autre gerbe de sang jailli. Il remarqua que de la fumée s'échappait de l'arme de l'agent. Puis, deux coups de tonnerre se firent entendre.

    Le policier regardait l'homme sur qui il avait tiré à deux reprises. Sa course avait été considérablement ralentie mais il poursuivait son effort. Son corps le trahit cependant et il s'écroula, le manche de son couteau serré dans son poing. L'agent se précipita vers le moribond et appela une ambulance par radio. Il regarda le fou. Une écume écarlate se formait sur ses lèvres tandis qu'un voile opaque ternissait l'éclat dément de ses yeux.
    L'homme le croyait mort quand il tourna la tête, ses yeux se posant sur lui. A travers l'écume rouge et d'un ton désinvolte :
    _ C'est ma première mort, et ça m'angoisse comme pas possible. Vous pensez que je la réussirai ?
    Alors que l'agent allait répondre :
    _ Oh et puis merde, on verra ce qui arrivera.
    Quelques instant passèrent, puis :
    _ Vous pourriez me prêter votre veste ? J'ai froid...

     


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  •   Il écrasa son mégot d'un air décidé. Ca y est, il arrêtait la cigarette. Mais pas pour la raison qui pousse des centaines de personnes à le faire chaque année : parce que ça donne tout un tas de saloperies. Non, ce qui l’incite à arrêter c’est plutôt que ça sent fort, fait tousser et permet aux flics d'avoir son ADN.
    Un regard lancé à la ronde suffit à lui confirmer  qu'il était seul. Il est vrai qu'à cette heure de la nuit, les rares personnes susceptibles de le croiser ne marchaient plus droit, mais il valait mieux prendre ses précautions. Il fit le tour de sa voiture et ouvrit le coffre. Cette nuit, la subtilité est mise de côté, ça sera dans le sonore et le dégueulasse. C'est pourquoi il à pris un pompe à cartouches explosives. Avec un sourire sur les lèvres et le pompe dans la main droite, il referma le coffre et traversa la rue. Il monta le perron et toqua à la porte. Même dans son boulot, rien n'empêche d'être poli. Une sculpturale beauté vint lui ouvrir, son peignoir ouvert sur une nuisette très, très légère. Son air contrarié fit place à de la stupeur, puis à une peur panique. Cet aspect de sa profession l'agaçait passablement, mais c'était parfaitement compréhensible. Après tout, qui ne serait pas dérangé à la vue d'un colosse armé d'un fusil à pompe, trop à l'étroit dans son débardeur et son jean, avec une méchante tête de truand et qui venait toquer à la porte aux alentours de quatre heures du matin. Il lui sourit et entreprit de la rassurer. Il n'était pas là pour elle, ce qui l'aurait profondément peiné si cela avait été le cas. Belle comme un ange, avec une chevelure châtain indomptée et des yeux gris magnétiques, elle était sans conteste une merveille. Il s'interrompit, se sentant une fois de plus lourdaud et ridicule. Il ne dit qu'un mot, un nom avec un point d'interrogation au bout. Elle lui répondit du regard. Il l'invita à mettre quelque chose de plus chaud et d'aller dans sa voiture, le temps qu'il fasse ce qu'il avait à faire. Elle acquiesça et sorti précipitamment.
    Bien, ça allait chier méchamment. Il grimpa les escaliers, faisant grincer les marches. Selon les informations, sa cible se terrait dans cette maison, protégée par cinq gorilles. Justement, le premier passait la tête par l'encadrement d'une porte, les yeux ensommeillés. Avant de pouvoir réagir, le colosse se jeta sur lui et lui colla un coup de crosse dans la tempe. Le temps des boums viendrait après. Il écrasa la trachée de sa victime d'un bon coup de talon, histoire d'être sûr de ne pas avoir à le descendre une deuxième fois. Il jeta un œil dans la pièce ; apparemment, l'homme s'était assoupi sur le trône. Comment peut-on être aussi distrait ? Il referma la porte, le macchabé à l'intérieur et explora l'étage. Il ouvrit une autre porte et se retrouva nez à nez
    face à un punk regardant un porno devant une vieille télé pourrie.. Il tira au niveau de l'entrejambe, par réflexe, faisant ainsi voler un bout de l'engin et quelques doigts. Il réitéra son coup de feu, cette fois-ci dans la caboche de l'eunuque, afin que ses braillements cessent. Des bruits de pas précipités et des éclats de voix se firent entendre et il s'embusqua dans un coin du couloir. Le troisième gorille déboula et se fit emporter une partie du buffet dans une gerbe de sang. Le quatrième arriva à sa suite et fit tomber une grêle de plomb sur l'assassin, qui fit une pirouette sur le côté, tout en tirant en plein vol. Aucune chance de toucher le garde du corps ; le mur se prit la cartouche, qui pulvérisa un morceau de plâtre dans un nuage de poussière, aveuglant pour quelques instant le garde. L'assassin se réceptionna en beauté et tira une deuxième cartouche qui faucha le genou gauche de son adversaire. Celui-ci tomba dans un cri atroce. Cri rapidement interrompu par une énième cartouche. Il mit sa main dans sa poche et en ressorti une poignée qu'il fourra dans son pompe. Un grincement de bois lui signifia que certains tentaient de se faire la malle. Il se précipita à l'escalier et tira dans le dos du dernier garde qui s'affala sans un son.
    D'un air perplexe, il regarda la porte, toujours fermée. Il n'y avait plus de garde, mais sa cible n'était pas dans son champs de vision. Il se retourna à temps pour voir un direct lui arriver dans la mâchoire. Il dégringola les escaliers puis se releva, grognant plus d'indignation que de douleur. L'autre lui sauta dessus dans un magnifique coup de pied sauté. Magnifique mais totalement inutile. Le colosse se décala, attrapa sa tête et la fit cogner contre le mur le plus proche. Elle éclata dans un bruit mélangeant le spongieux et le craquant, l'éclaboussant de sang et de cervelle.
    D'un air satisfait, l'assassin récupéra son arme et quitta la maison devenue morgue artisanale. La fille s'apprêtait à sortir de la voiture mais il lui fit un geste l'en empêchant. Après avoir rangé son pompe dans le coffre, il prit la place du conducteur et informa sa voisine d'un air gêné que l'intérieur avait été subtilement redécoré, ce qui ne manquerait pas de lui déplaire. C'est pourquoi il lui offrait une nuit ou deux dans l'hôtel de son choix, le temps que l'équipe de nettoyage passe faire le ménage.


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